Histoire

" Merci pour la Liberté"

insert maintenu avec le célèbre trombone ... norvégien

sur fond de garde Royal 

qui ne porte pas de bonnet à poil !

La célébration du 75e anniversaire de la Libération

le 08 mai 2020

sera minimaliste en Norvège

mais marquée par un retour étonnant à l'Histoire.

"Maintenant que nous ne pourrons pas célébrer le 8 mai,

je pense qu'une façon de montrer

que nous nous souvenons des efforts réalisés

consiste à choisir des trombones"

le Ministre de la Défense Frank Bakke-Jensen

joignant le geste à la parole

en épinglant à son revers de veston

un trombone.

Quelle mouche a piqué ce ministre avec son article de papeterie

comme symbole de la Libération ?

Un peu d'histoire si vous le voulez bien...

En 1940

quelques mois seulement

après le début de la Seconde Guerre mondiale,

Hitler savait que s'il voulait gagner sa guerre

il lui faudrait rompre le blocus des Alliés contre l'Allemagne. 

La Norvège s'avérerait essentielle, stratégiquement,

car le contrôle des eaux du pays scandinave

devait faciliter le transport de marchandises et de troupes

hors d'Allemagne. 

La Norvège,

qui s'était déclarée neutre

lors de la déclaration de guerre,

est devenue un candidat idéal à l'occupation.

Le gouvernement légitime et la Famille Royale de Norvège

ont refusé de collaborer avec les nazis.

- Le fameux NON du Roi -

Ils ont exercé leurs fonctions officielles constitutionnelles

organisé et encouragé la Résistance

pendant leur exil, en Angleterre. 

Cependant,

le reste de la population a été forcé de vivre

sous la domination allemande

du 9 avril 1940 au 08 mai 1945.

Le Prince Héritier Olav

est rentré de Londres à Oslo avec cinq ministres 

le 13 mai 1945.

 Le Roi Haakon,

la Princesse Héritière Märtha et ses enfants

ont suivi le 7 juin de la même année.

L'administration du pays étant paralysée,

les forces allemandes

ont tenté de réduire la culture norvégienne

et de la remplacer par les idéaux fascistes des nazis. 

Partout à travers le pays,

les enseignants ont été intimidés pour rejoindre

le parti nazi

et intégrer l'idéologie fasciste dans leur enseignement.

Il a, également, été demandé à l'église norvégienne

de délivrer du haut des chaires

des ordres "d'obéissance au chef et à l'État" 

Vidkun Quisling collaborateur notoire 

dont le nom est synonyme de "traite" en Norvège.

Le sous-commissaire Josef Terboven et Vidkun Quisling

à Akershus le 1er février 1942.

C'est à cette occasion que Quisling a été nommé

"premier ministre". 

Norsk Ukeblad. Classé. 1, 1945.

Illustration de la couverture: Gunnar Bratlie. 

 La Gestapo l'a interprétée de la façon suivante:

Adolf Hitler tiennant Vidkun Quisling sous les bras.

À la suite de cette couverture,

le caricaturiste Gunnar Bratlie et le rédacteur en chef du magazine

ont été envoyés à Grini - Camp d'internement situé en Norvège -

Les quatre millions de Norvégiens de l'époque

étaient maintenus voire détenus sous l'emprise de fer

du Troisième Reich.

Malgré cette occupation terrible

ou sans doute à cause de sa dureté

un fort sentiment de résistance

a vu le jour dès le début de l'occupation.

La Famille Royale en exil,

toutes les images du Roi Haakon VII

qui était devenu une figure inspirante pour son implication

dans la résistance

étaient interdites par les forces nazies.

Mitaines tricotées portant le monogramme du Roi Haakon

et son monogramme

La population norvégienne 

en signe de résistance à l'occupant

portait, souvent, malgré tout,

le monogramme du Roi Haakon sur ses vêtements.

Ces porteurs de symboles

étaient passibles de l'internement en camps en Norvège

voire de déportation

quand ils n'étaient pas fusillés, sur place.

Le plus grand trombone du monde,

long de 7 mètres et pesant 600 kg,

érigé en dehors de la BI école de commerce à Sandvika, Norvège,

en 1989,

pour commémorer le brevet de Johan Vaaler en 1899.

À l'automne 1940,

les étudiants de l'Université d'Oslo

ont commencé à porter des trombones à leurs revers

comme symbole de leur résistance non violente,

de leur fierté nationale

et de l'unité du peuple norvégien.

Petit à petit le trombone porté au revers

est devenu un synonyme d'opposition et de résistance

à l'occupant.

Un message symbole

d'une Norvège debout et unie.

Mais ce n'est pas seulement la symbolique

du lien non destructif attaché au trombone

qui a été mis en lumière

mais plutôt la croyance du peuple norvégien

selon laquelle il avait été inventé par l'un des leurs

Johan Vaaler.

Johan Vaaler étudiant

Le trombone breveté par Johan Vaaler

La Norvège

ne disposant pas, à l'époque, de bureau des brevets

Johan Vaaler,jeune ingénieur, né au Nord du pays

a déposé

le dessin de son invention d'une attache métallique à simple tour

d'abord en Allemagne en 1899

puis aux Etats-Unis en 1901.

Le trombone de Vaaler

n'a jamais été fabriqué et encore moins vendu

pas plus en Norvège qu'ailleurs

car le modèle à double tour

que nous connaissons encore actuellement avait été déposé

à peu près au même moment que le sien et fabriqué

en Angleterre par exemple.

Le savait-il ?

Voila comment ce modeste petit bout de fil de métal tordu

- le trombone -

est devenu un résistant passif 

à l'ordre de fer d'Hitler.

Que la Norvège remette à l'honneur son trombone

pour marquer le 75e anniversaire de la Libération du pays

a quelque chose de fragile et d'émouvant 

comme la Liberté !